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  Selection et consanguinité

Il est des races qui sont très élevées et d'autres qui le sont beaucoup moins. Si elles le sont moins, cela peut être pour plusieurs raisons. La première est qu'elles ne plaisent pas à la majorité des éleveurs. C'est alors irrémédiable, il n'y aura jamais pour les élever que quelques irréductibles dont on considérera qu'ils ont des goûts bizarres, et l'avenir de ces races est très compromis. La seconde, c'est qu'elles sont fragiles ou liées à un caractère létal qui fait que leur élevage demande excessivement de soins et d'attention. Un bon exemple en est l'Araucana dont les nécessaires toupets d'oreilles (caractère létal quand il est homozygote) sont très attractifs mais contingentent de façon radicale l'obtention de sujets conformes au standard. Les Américains ont d'ailleurs créé en 1980 une race qui n'a pas les inconvénients liés au caractère létal (elle n'a pas non plus de toupets d'oreilles) mais qui pond quand même des neufs bleu turquoise : l'Améraucana. Un mauvais exemple est la Nagasaki, qui possède également un caractère létal, lié aux pattes courtes, mais dont l'aspect si original fait qu'elle est très élevée, depuis vingt siècles, malgré les difficultés. La troisième, c'est qu'elles sont introuvables, du moins pour le commun des éleveurs, soit que leur acquisition reste financièrement prohibitive, soit qu'il faille aller très loin pour en trouver. Exemple : la Vorveck et la Lakenfelder, grandes ou naines.

Quelle que soit l'une de ces trois raisons, le fait d'être "rares" signifie qu'il existe peu de souches d'élevage, donc un nombre restreint d'individus qui sont très certainement apparentés entre eux et consanguins. La consanguinité ne doit pas être le "croque-mitaine" qui fait peur aux éleveurs novices. Bien au contraire elle permet de renforcer les caractères, les qualités et même la vigueur d'une souche à condition d'être bien menée. Cela signifie que la consanguinité exige une surveillance permanente de la reproduction et une sélection sans faiblesse pour ne conserver que les meilleurs sujets. L'élevage des races rares passe donc nécessairement par une sélection plus sévère que dans la plupart des autres races.

Si la demande est forte, on élève le tout venant pour pouvoir vendre. Le meilleur exemple ne vient pas de l'aviculture mais des élevages canins : vers les années soixante-dix, le berger allemand était le chien à la mode. Il fallait fournir et l'on a fait reproduire au maximum et tout élevé et vendu. Résultat : de multiples chiens au caractère aigri ou agressif (ce qui n'est pas normal chez lui sans dressage) et aux nombreux problèmes de coxarthrose.

En aviculture il en est de même mais les problèmes sont plus diffus. Soit on va élever cette race rare à tout va et les problèmes de santé vont se multiplier et dégoûter les nouveaux acquéreurs qui vont l'abandonner; soit on va restreindre et surveiller sa reproduction afin de ne produire que des animaux de qualité et de santé parfaite et ils seront peu nombreux. Dans les deux cas, le résultat est le même : la race rare reste rare. La seconde méthode est pourtant meilleure pour l'avenir de la race car elle doit lui permettre de se développer avec une cadence régulière, même si elle reste très lente. La première méthode par contre ne peut que mener à l'extinction des souches ou leur apporter une réputation de fragilité (correspondant malheureusement à une réalité acquise par la faute de ses éleveurs) qu'elles n'auraient pas mérité en étant convenablement sélectionnées.

Premier enseignement: une race rare ne sera pas facile à élever et nécessitera une surveillance constante et une sélection sévère.

Le problème est à peu près identique pour les variétés rares à l'intérieur d'une race abondante sauf qu'en plus il y a risque de porter atteinte à l'identité et au type de la race. En effet, les variétés rares sont le plus souvent obtenues en faisant appel à un croisement avec une autre race où cette variété existe. Un tel croisement casse inévitablement le type de la race et il faut de longues années de sélection pour revenir au type parfait. Or si, au XIX° siècle, les éleveurs n'hésitaient pas à mettre dix à quinze années pour créer une nouvelle variété, ils veulent maintenant publier les résultats de leurs expériences dans les délais les plus courts sans s'occuper de savoir si ces résultats sont stabilisés, à supposer qu'ils soient déjà concluants. Plus raisonnable est l'obtention d'une nouvelle variété à partir du croisement de deux autres coloris à l'intérieur d'une même race. L'obtention de la nouvelle variété reste tout aussi difficile pour qu'elle soit parfaite et que tous les gènes parasites aient été éliminés mais, au moins, il n'est pas à se préoccuper du type.

La race rare et la variété rare sont incontestablement intéressantes à élever et il est très naturel que bien des éleveurs veuillent s'écarter des sentiers battus en recherchant ce qui est peu commun. Ne jamais oublier que c'est rechercher en même temps la difficulté et prendre le risque d'élever en étroite consanguinité donc avec une surveillance et une sélection nécessairement accrues. Ne pas oublier non plus qu'il est facile de sortir un sujet remarquable d'une race et variété élevée à des centaines de milliers d'exemplaires mais que cela sera beaucoup plus exceptionnel dans une race ou variété rare qui a nécessairement dans son ascendance des croisements ayant amené des gènes parasites qui risquent toujours de réapparaître, surtout s'ils sont récessifs. Si vous voulez quand même en élever sachez que le Prix d'Honneur en exposition sera plus que rare car ces souches élevés à petite échelle ont peu de chances de donner des animaux capables d'atteindre une telle récompense et, en plus, à condition qu'elles soient homologuées. Mais que cela ne vous empêche pas d'en élever quand même sinon les races et variétés rares risquent de ne plus jamais exister.

Rare ou commune, une race ou une variété reste un bijou qui doit être parfait. Nul éleveur ne peut être certain que ses poussins seront des sujets magnifiques, même s'il les regarde avec l'œil, donc l'indulgence, de leur père et naisseur. Dans nos élevages de sélection il ne faut jamais fermer les yeux sur quelque médiocrité, fut elle compensée par beaucoup d'autres qualités. Rechercher la rareté est légitime pour le plaisir de la posséder : c'est l'extrême de notre passion de "collectionneurs". Mais il faut bien savoir qu'il faudra consacrer beaucoup plus de temps et d'attention, pour ne pas dire d'argent, à cette forme d'élevage très particulière si l'on ne veut pas sombrer dans la médiocrité, ce qui serait vraiment dommage pour des souches que l'on a généralement eu beaucoup de mal à se procurer où à créer.

Avec l'aimable autorisation de Mr J.C.MARTIN, président d'honneur du Bantam Club de France.

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